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« Je me sens utile aux plus vulnérables » (Alice NIKIEMA)

Date de publication : 17-03-2023

A 30 ans, Alice NIKIEMA vit un rêve éveillé. Cette jeune médecin généraliste de 30, travaille depuis 2017 avec la Croix-Rouge comme volontaire, d’abord sur le projet AMIRA, puis sur le projet EUTF Migration. Au contact des personnes vulnérables ciblées par ces projets, elle a compris l’importance de se rendre disponible et utile pour son prochain. Elle explique comment elle appréhende son rôle et les défis qui y sont rattachés.



Le volontaire mobilisé dans le projet EUTF migration occupe des missions très différentes dans les différents lieux où le projet intervient.

Dans les gares, principal lieu de transit des migrants, Alice et les autres volontaires qui l’accompagnent vont régulièrement au contact des migrants. L’approche consister à se présenter, à présenter l’organisation qu’ils représentent et les contours du projet qui se consacre à l’assistance des migrants vulnérables. Après avoir gagné la confiance de ces personnes vulnérables, ils écoutent leurs histoires, recueillent leurs doléances, et les classifient en fonction de leurs besoins et de l’urgence de ces derniers. Par la suite, elle contacte le superviseur terrain qui, en fonction de la situation présentée, décide du type d’assistance à apporter à ces personnes dans le besoin.

Au sein du point de services, Alice va souvent chercher les médicaments manquants.

Quand une assistance en hébergement et une assistance alimentaire sont nécessaires, ce médecin volontaire accompagne le migrant jusqu’au lieu d’hébergement et de restauration choisi dans le cadre du projet. 

Lors des campagnes de sensibilisation avec les communautés étrangères vivant au Burkina Faso, Alice peut être amenée à animer, présenter les campagnes et à distribuer, quand cela est nécessaire, les kits d’hygiène. 

Dans tous les lieux cités plus haut, les volontaires aident également les membres de l’équipe dans l’enregistrement des bénéficiaires, ainsi que dans l’évaluation finale de l’assistance en remplissant les questionnaires de sortie.

Enfin, pour les cas d’hospitalisation des migrants, Alice, joue le rôle d’accompagnant, rôle qui lui tient particulièrement à cœur. Pour les cas les plus graves, elle doit rester auprès du malade la nuit, l’aider à se doucher, à manger et à laver ses vêtements. 

 

« Ce que le volontariat m’apporte de particulier… »

« Avant de devenir volontaire j’essayais avec mes propres moyens d’aider les personnes les plus vulnérables que je croisais et ne pouvant plus assumer le coût, j’ai décidé de devenir volontaire. Je voulais rejoindre une organisation qui consacre son temps et ses ressources financières à l’assistance de ces personnes. C’est pour ça que j’ai choisi la Croix-Rouge burkinabè.  Cette expérience me donne la satisfaction de savoir que je fais du bien à mon prochain et me permet d’acquérir des connaissances et de l’expérience dans le secteur de la coopération qui m’intéresse de plus en plus.

Ce que le rôle de volontaire a de si particulier ? et les rencontres qui l’ont le plus marquée

Les volontaires sont les premiers à rentrer en contact avec les migrants. Ils doivent faire preuve de beaucoup de diplomatie afin de trouver les mots pour gagner leur confiance et en même temps expliquer à la population locale que l’assistance concerne aussi bien les personnes de nationalité étrangère que la communauté hôte vulnérable.  

Certaines des personnes que nous assistons avaient tous perdus et étaient dans un état de détresse avancé. Dans des extrêmes, certains de ces migrants ont des troubles psychologiques évidents.   Nous devons par conséquence être très à l’écoute et nous rendre disponible, car parfois nous sommes les premières personnes à qui ils acceptent raconter leurs mésaventures.  

 

Nous avons pu sauver le pied d’un enfant

Quelques fois, nous tombons sur des cas qui nous déchirent le cœur, comme cet enfant Burkinabé qui avait le pied sectionné par un morceau de verre, son pied était dans un état de putréfaction avancé. Il ne cessait de pleurer. Je l’ai amené au centre de transit de la Croix-Rouge au quartier Somgandé à Ouagadougou "Vie Meilleure". L’enfant qui pleurait sans cesse, a été rapidement pris en charge par les équipes médicales de la Croix-Rouge. Grâce à leur intervention et la qualité des soins dispensés pendant plusieurs jours, son pied a pu être guéri. Je n’oublierai jamais le regard de gratitude que l’enfant m’a donné quand je l’ai recroisé.

Je me rappelle également de cette femme ivoirienne de 40 ans qui ne se rappelait plus de son nom. Dans nos registres, nous l’avons donc appelé la patiente X. Au début de sa prise en charge, elle était en état de choc. Lors de son hospitalisation, je l’ai personnellement aidée à prendre ses médicaments, à manger et à se laver. Les soins et la considération que nous lui avons apportés l’ont transformée. Petit à petit, la dame a recouvré la mémoire. Elle était plus épanouie. J’ai constaté même qu’elle a accepté se coiffer, laver ses vêtements. Grâce à nos recherches, nous avons retrouvé un membre de sa famille, en l’occurrence son fils. Quand il est venu chercher sa mère, nous avons ressenti l’émotion qu’il a eue en retrouvant sa mère, dont il était sans nouvelles depuis plusieurs mois. Depuis leur départ, le fils continue de nous donner les nouvelles de sa maman. Ces histoires me comblent intérieurement et me réconforte dans mon choix de militer au sein de cette organisation en me rendant utile à ceux qui ont juste besoin de notre attention en leur témoignant plus d’humanité.

Entretien réalisé le mardi 13 septembre 2022.


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