« Avec son métier à tisser, Awa a retrouvé espoir »

Date de publication : 21-11-2025

Lorsque nous arrivons dans sa cour de Tenkodogo, Awa, 38 ans, nous accueille avec un sourire timide. Autour d’elle, quelques enfants observent le grand métier à tisser fraîchement installé sous un auvent de fortune. « Je ne pensais plus avoir la force de recommencer quelque chose », murmure-t-elle en caressant le bois encore lisse de son nouvel outil de travail.

Comme beaucoup d’autres femmes de la région du Nakambé, Awa fait partie des personnes déplacées internes, venues chercher du répit dans les communautés hôtes de la province du Boulgou. La fuite, les pertes successives et l’incertitude avaient rendu l’avenir presque invisible. « On vivait au jour le jour. Souvent, je me demandais comment nourrir mes enfants ou payer les médicaments quand ils tombaient malades », raconte-t-elle.

C’est dans ce contexte que la Croix-Rouge Burkinabè, avec l’appui de la Rode Kruis-Vlaanderen (RKV) et le financement de la Direction Générale belge pour la Coopération au Développement (DGD), a lancé le projet "Assistance humanitaire aux populations victimes des crises et catastrophes dans la région du Centre-Est", plus spécifiquement son volet HP2, destiné à renforcer les moyens de subsistance par des Activités Génératrices de Revenus (AGR).

Du 14 au 20 novembre 2025, Awa faisait partie des 100 bénéficiaires, dont 80% de femmes, venus recevoir l’un des cinq types de kits mis à disposition : La couture, l’élevage de poulets, l’élevage de moutons, le tissage Faso danfani et le jardinage. Elle a reçu un kit tisserand, soigneusement préparé, contrôlé et stocké auparavant par les équipes de la Croix-Rouge, sous la supervision de la direction provinciale en charge de l’action humanitaire, afin de garantir transparence et qualité.

Awa se souvient du jour de la distribution comme d’un tournant. « On nous avait bien expliqué comment cela allait se dérouler. Tout était clair, respectueux… Je me suis sentie considérée. » Ce sentiment a été partagé par de nombreux bénéficiaires. La présence des responsables provinciaux de la Croix-Rouge et des autorités humanitaires locales a renforcé la confiance des communautés, habituées à recevoir parfois des aides mal coordonnées ou incomplètes.

Avec son métier à tisser, Awa va recommencer bientôt à produire des pagnes traditionnels que les femmes du quartier viennent admirer le soir. En quelques semaines, elle pourrait vendre ses premières pièces. Le revenu, modeste mais régulier, lui permettra alors d’acheter des vivres, de payer une consultation médicale pour son plus jeune fils… et même d’économiser un peu. « Ce kit n’est pas seulement un matériel. C’est une seconde chance », dit-elle avec émotion.

Pour certaines familles, les kits reçus représentent une nouvelle source de revenus ; pour d’autres, ils viennent renforcer une activité déjà fragile. Mais pour toutes, ils deviennent un levier pour améliorer la nutrition, accéder aux soins de santé et assurer l’éducation des enfants.

Au-delà du matériel distribué, c’est l’esprit du projet qui marque : stimuler l’entrepreneuriat local, renforcer la résilience des communautés, et surtout redonner dignité et autonomie à ceux dont la vie a été bouleversée par les crises.

À la fin de notre entretien, Awa replie précieusement son tissu aux couleurs vives. Son regard s’illumine lorsqu’elle parle de l’avenir : « Je veux former d’autres femmes. Que chacune puisse, elle aussi, retrouver un peu de stabilité. Grâce à cette aide, nous savons que nous ne sommes pas oubliées. » Dans le Centre-Est, ce projet a laissé plus qu’une aide matérielle : il a ravivé l’espoir.